Charles-Etienne Devanneaux et son coéquipier Matthieu Damerval ont remporté la 20e édition de la Pacific Cup en juillet dernier entre San Francisco et Hawaï. Le duo a pu évaluer les capacités de son Figaro 3 flambant neuf baptisé ‘A Fond le Girafon’ et équipé du logiciel Adrena. Une victoire éclair prédestinée !
Peux-tu te présenter, et nous parler de ton utilisation des logiciels Adrena et Octopus ?
Je suis concessionnaire Beneteau, Lagoon et CNB aux Etats-Unis depuis 2009 et revendeur Adrena depuis 2011. J’ai fait depuis la même année une Transpacifique et 4 Pacific Cup, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à utiliser Adrena. J’ai donc suivi l’évolution du logiciel depuis pas mal d’années. Je suis ce qu’on pourrait appeler un « amateur éclairé ».
J’utilise également sur mon bateau de croisière le logiciel Octopus que j’essaie de promouvoir auprès de mes clients qui font de la croisière. J’aime beaucoup l’interface du logiciel qui est très intuitive, facile à utiliser, et ergonomique. J’ai notamment utilisé la fonction mouillage d’Octopus quand j’étais en mer de Cortez, c’est vraiment une super fonction, très efficace.
Elle plait beaucoup à mes clients américains. Leurs attentes ne sont pas tellement différentes de celles des européens. Ils recherchent avant tout l’accès facile et direct aux fonctions météo et fonctions mouillage.
Matthieu Damerval et toi avez remporté la 20ème édition de la Pacific Cup en juillet. Peux-tu nous raconter comme s’est passée cette course ?
Nous avons eu l’honneur de naviguer en avant-première sur le prototype du Figaro 3. C’est un bateau complètement adapté à ce genre de course où l’on fait essentiellement du reaching et du portant.
Cette année, par rapport aux éditions précédentes, ce n’était pas une grand piste de luge (tout droit), il y avait beaucoup de zones sans vent. Il y avait notamment une grande zone sans vent en forme de banane sur le Pacifique qui barrait la route entre San Francisco et Hawaïï. On a pris l’option radicale dès le départ d’aller croiser la bulle sans vent très loin dans l’ouest plutôt que de faire un grand contournement. On a choisi de la traverser afin de pouvoir ressortir sur la route directe.
…Et c’était donc le bon choix tactique !
C’était effectivement le bon choix puisqu’on a fait la ligne d’honneur. Pour la première fois dans l’histoire de la course, c’est un petit bateau qui fait la ligne d’honneur. Le deuxième bateau de notre classe a fini 20h derrière nous.
Tous les bateaux de notre classe ont fait le tour de la bulle par le sud-est, ce qui les a obligés à faire beaucoup de route pour la contourner. De plus, à la sortie de la bulle, ils se sont retrouvés plein vent arrière tandis que nous étions sur la route directe. On a fait quasiment la layline à 800 milles.
C’est après avoir étudié notre route et la météo sur Adrena 48h avant le départ que nous avons pris la décision de choisir cette option ouest. Ce choix assez radical a suscité pas mal de réactions, à l’image de celle d’un journaliste qualifiant notre option de « fatale » et concluant son article en disant : « On espère qu’ils seront là pour la remise des prix » ! Au final, notre bateau était déjà quasiment sur le cargo prêt à retourner en Californie quand la moitié de la flotte n’était pas encore arrivée.
C’est vrai qu’on a été un peu tous seuls dans notre option, mais une des raisons pour lesquelles on a pris cette décision, c’est parce qu’on savait qu’on allait bénéficier de 5 jours de reaching à fond, qui est l’allure de prédilection du bateau. Cela nous a permis d’avoir à un moment de la course jusqu’à 100 milles d’avance en temps réel. Nous avions tout de même cette bulle à traverser, mais c’était un risque mesuré : nous avons mis 30h, sachant que tous les routages que nous avions fait sur Adrena estimaient sa traversée entre 24 et 35h selon les hypothèses.
En fait, nous avons simplement suivi la logique d’aller naviguer là où le bateau était le plus confortable. En effet, à partir du moment où ce n’est pas une course en monotype, et à condition que tu aies les bonnes polaires, tu navigues toujours en fonction de ton bateau, pas en fonction des autres.
Quels sont les points forts du Beneteau Figaro 3 ?
La stabilité, mais aussi le fait que ce soit un bateau très très simple. Honnêtement, n’importe qui peut naviguer sur ce bateau-là, tellement il est stable et facile. J’ai déjà emmené mon fils de 8 ans sur le bateau, et il le barre. J’ai également emmené ma femme, mais aussi des clients et des copains qui ne savent pas faire de voile, ils se sont éclatés. Il est très facile à barrer, et très sain.
Comment utilisais-tu le logiciel Adrena à bord ?
Nous n’avions droit qu’aux fichiers grib de la NOAA – c’était les règles de course – donc on les téléchargeait toutes les 6h sur Adrena et on regardait l’évolution. Nous avons aussi beaucoup utilisé le logiciel dans la phase où nous devions déterminer le point d’empannage pour entrer dans la bulle. On téléchargeait les fichiers très régulièrement. Avec du recul et après analyse de notre navigation, on a empanné 40 milles trop tôt. Dans des phases moins stratégiques on faisait 2 routages quotidiens, un routage pour la journée et un routage pour la nuit. Dans ces moments-là, l’essentiel est d’aller le plus vite possible, donc on utilisait plutôt le mode performance d’Adrena.
Est-ce que tu as une anecdote de course à nous partager, qu’elle soit positive ou négative ?
On a bien mangé et bien bu pendant la course, j’aime bien traverser avec quelques grands crus bordelais ! (rires)
Les bons moments de la course, c’est aussi quand tu fais deux quarts de suite parce que tu n’as pas envie de lâcher la barre … T’es en train de t’écouter ton 3ème concert de Muse et tu n’as pas envie d’aller réveiller ton copain tellement tu t’éclates à la barre. Ce bateau est hallucinant, un vrai missile sous spi. Je prends énormément de plaisir à naviguer dessus.
Pour l’anecdote négative, c’est la 4ème fois que je fais cette course, et la mer est vraiment une poubelle. On a vu un nombre infini de déchets qui trainaient, on a chopé des filets dans la quille … c’est absolument l’horreur.
Quels sont tes futurs projets ?
On est qualifiés pour la 50ème Transpacifique l’année prochaine qui va être un événement énorme, nous sommes très contents d’y participer. Et bien sûr, je repartirai avec Adrena, dont j’attends les nouveautés avec impatience comme chaque année !